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06/07/2013

"Découvrir Vatican II" : un document de La Nef

...à étudier (aussi) dès maintenant :

 


Lors d'un dîner, la semaine dernière, un écrivain me dit : "Mieux vaudrait oublier Vatican II." Je lui demande s'il a lu ce que ce concile avait dit. Il me répond que non, mais que cette lecture n'est pas nécessaire "puisqu'on a sous les yeux le résultat  : les églises vides". D'où tire-t-il l'idée que le vide des églises (pas toutes, et seulement en Europe) soit dû au concile ? "On le sait..." Qui est-ce, "on" ? Un milieu sociologique [1], qui attribue à Vatican II (clos en 1965) la désertification spirituelle propagée en Europe depuis 1990. Ce milieu n'a rien lu du concile, mais se transmet de pères en fils l'axiome de sa nocivité. Le propre des axiomes est d'être indémontrables : d'où le fait que ce milieu croie que les pannes de foi sont réservées au catholicisme, et qu'elles viennent de Vatican II ; alors que les luthéro-réformés sont eux aussi en proie à des pannes de foi, et que le concile voulait le contraire de ce qui fut  opéré en son nom - particulièrement en France.

Pour comprendre ce dernier point, il faut faire ce que tant de catholiques français ont refusé de faire jusqu'à présent : s'intéresser au contenu de Vatican II. On dira que c'est bien austère et qu'on ne va pas acheter le tome 2**(Les Décrets) des trois gros volumes des Conciles oecuméniques parus au Cerf ? Alors il n'y a qu'à se procurer le hors-série de La Nef qui vient de paraître sous le titre : Découvrir Vatican II. En 175 pages format poche, c'est le recueil des articles publiés par cette revue pour le 50e anniversaire du concile. Tous les textes votés par Vatican II y sont lus, analysés, mis en perspective. Au sommaire : Sacrosanctum concilium, Vatican II et la liturgie (P. Michel Gitton) ; Lumen gentium, une méditation sur l'Eglise (abbé Christian Gouyaud) ; Orientalium Ecclesiarum, redécouverte de l'Orient (Annie Laurent) ; Unitatis redintegratio, l'oecuménisme de Vatican II (P. Basile Valuet osb) ; Nostra Aetate, le dialogue interreligieux (Annie Laurent) ; Christus Dominus - Optatam totius - Perfectae caritatis - Presbyterorum ordinis : le concile et les clercs (abbé Laurent Spriet) ; Gravissimum educationis - Inter mirifica : l'éducation et les médias (abbé Laurent Spriet) ; La constitution Dei Verbum (abbé Christian Gouyaud) ; Apostolicam actuositatem, la consécration des laïcs (Vincent Aubin) ; Dignitatis humanae, la liberté religieuse (P. Basile Valuet osb) ; La mission Ad Gentes (abbé Denis Le Pivain) ; Gaudium et spes, sur la place de l'homme (P. Martin Sabathé) ; Vatican II : quelle herméneutique ? (P. Henry Donneaud op) ; La fin des anathèmes ? (abbé Laurent Spriet)... Le livre se termine sur trois articles concernant Karol Wojtyla, Joseph Ratzinger et la crise postconciliaire.

Dans son article introductif (Un concile nécessaire), Christophe Geffroy, directeur de La Nef, met en lumière plusieurs points essentiels : ceux que mon écrivain de l'autre soir n'envisageait pas. Vatican II, souligne-t-il, a été convoqué "pour exposer d'une façon positive le coeur du message de l'Eglise, dans un contexte qui n'avait plus rien à voir avec celui de l'ancienne chrétienté ; il a donc eu également une dimension magistérielle et doctrinale indéniable tout en se voulant pastoral. Il convient, au reste, de rappeler qu'un concile représente une forme solennelle d'expression du Magistère, et même s'il s'est abstenu de définir des 'dogmes', son enseignement relève du Magistère doctrinal universel, lequel […] requiert un assentiment de foi théologale si l'enseignement en question est présenté comme définitif."   

Les mises à jour étaient indispensables dans plusieurs grands domaines ; le concile introduisit des nouveautés et des corrections doctrinales qui choquèrent les passéistes, mais qui étaient parfaitement légitimes [2]. Ces nouveautés ne sont en rien responsables de la crise postconciliaire : "la situation de l'Eglise aurait été pire et rationnellement intenable si elle était restée attachée à certains schémas contingents trop déphasés par rapport aux réalités du monde actuel", estime Christophe Geffroy – et là-dessus il est en accord avec quiconque prend au sérieux l'évangile ! (Ce qui n'est pas le cas de l'écrivain de l'autre soir, ni d'athées pieux, ejusdem farinae, qui se fichent absolument de la mission surnaturelle de l'Eglise).

Un "moment de folie" a traversé l'Eglise après 1968, indique Christophe Geffroy ; moment lié "à des causes internes qui tiennent pour l'essentiel à l'esprit de l'époque". C'était "la crise du passage de la modernité – le triomphe de la raison souveraine – à la postmodernité – le triomphe de la volonté souveraine que plus rien ne limite, pas même la raison..." Ce triomphe de l'illimité n'a cessé de monter et nous en voyons l'éruption en 2013, dans la société. L'Eglise, au contraire, est sortie depuis longtemps de son "moment de folie" : c'est ce qui explique la conflagration présente entre le catholicisme et le pays légal postmoderne.

La désertification spirituelle ne vient donc pas de l'enseignement du concile Vatican II ! Cet enseignement "a donné des armes indispensables à l'Eglise pour mieux répondre aux besoins des fidèles et des hommes d'aujourd'hui", insiste Christophe Geffroy... Pourquoi ne le sait-on pas ? Parce que les catholiques n'ont pas étudié Vatican II : leur ignorance du concile les handicape, tandis que le "bruit de fond" médiatique continue à dominer les consciences (y compris les leurs, encore trop souvent).

La Tradition n'est pas un passéisme. Elle est un dynamisme puisqu'elle se poursuit sous l'assistance du Saint-Esprit, comme l'enseigne Dei Verbum – l'une des deux constitutions dogmatiques du concile... Si la désertification spirituelle se propage en Europe (sous l'emprise du relativisme lié au système libéral), ce n'est certainement pas la faute de Vatican II : mais peut-être est-ce en partie notre faute à nous, catholiques qui n'avons pas encore compris ce que nous disait ce concile. Il est temps de le découvrir !

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[1] milieu sociologique, non pas classe sociale.

[2] thème du remarquable article du P. Donneaud, sur lequel notre blog a déjà attiré l'attention quand il est paru dans La Nef de juin.

 

Découvrir Vatican II – hors-série de La Nef – 176 p., 13 € www.lanef.net

 

 

Commentaires

MODERNISTES !

> les intégristes sont des modernistes et même des postmodernistes : ils voudraient zapper Vatican II, là, maintenant, alors qu'un concile met organiquement cent ans à produire ses fruits, comme l'enseigne l'histoire de l'Eglise;
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Écrit par : bernard gui / | 06/07/2013

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